- E AIGU, È GRAVE - 

C’est une des difficultés majeures de l’apprentissage de notre langue. Voici quelques points de repère qui vous aideront. Ayez le soucis, dès à présent, de prendre de bonnes habitudes, dans ce domaine comme dans d’autres... Il faut avoir présent à l’esprit que la prononciation "normale" de cette voyelle est fermée (estrecho) comme en latin; la prononciation grave (largo) étant bien moins courante.

E prononcé toujours fermé :

A la lecture, aucune hésitation n’est possible : e ou é écrits se prononcent toujours fermés : ex : arestié [ařéstyé] sauf dans les groupes "ell" et "er-consonne" lorsque le "e" se trouve en position tonique (ex : estello, bello, que sagelle, Roubert, serp, erbo, guerro, recerco, merle, reguergue) et l'association des deux lettres "ue" qui se prononce comme le "eu" français de feu ou le "ö" allemand. ex : vue (huit) se prononce comme le mot français "veut". Nota : ce groupe se prononce [ué] en provençal maritime et [weu] dans les zones intermédiaires.

Trois exceptions : mestié, perqué et querre qui se prononcent parfois [mèstyé[pèr] et [Ré].

 

Comme une langue doit être aussi et surtout parlée, retenons encore, en cohérence avec ce qui précède :

 

- Les suffixes -et(o), -edo, -ié(-iero), -és(o, -esso), -en(co), -men  ex : bourgés(o), toulounen(co), mestresso,  boulengiero, pichounet(o), pistachié (coureur de filles), autramen [כwtraméñ], pinedo [pidכ].

- Les e non accentués  ex : elegido (élue), ermas (friche), retipon (ils ressemblent).

    Cas particuliers de ce qui précède :

    - le e final  ex : lèbre (lièvre), paire, téule (tuile).

    - Le groupe en non accentué  ex : enjoulia (enjoliver).

    - Le groupe es non accentué   ex : esclop (sabot à chausser).

    - Le groupe ei non accentué   ex : eisino [éyzinכ] (ustensile).

- Les verbes en -eja à tous les temps, à tous les modes et à toutes les personnes et, en  particulier, aux personnes 1,2,3, 6 du présent de l’indicatif et du subjonctif :
galeje, galejes, galejo, galejon [gadjouñ] (ils plaisantent),    
galeje, galejes, galejo, galejon (qu’ils plaisantent)
aux personnes 2,3,6  de l’impératif  ex : galejo, galeje, galejon (puissent-ils  plaisanter !)
et à la troisième personne du passé simple ex : galejè [galédjè] (elle, il plaisanta)

- Les verbes suivants se comportent comme galeja et conservent toujours le son [é] (liste non exhaustive) :

abena, acoumença, ametre, apercebre, aprendre o aprene, atrenca, béure*, boulega, cegne, coumença, coumenta, coumprendre o coumprene, councebre, coungreia, cregne, crèire (sauf crèi), cueie, decebre, demena, dementa, dementega, dementi, demespesa, demetre, depegne, despega, enmena, empegne, desmentega, desplega, desseca, destegne, destrempa, empega, enfregne, entiera, s'entre-metre, enveja, estregne, fegne, freta, greia, mastega, mena, menti, metre, mescla, pega, pegne, pela, pena, percebre, permena, permetre, pesa, pesca, plega, prendre o prene, prevèire, proumetre, ramenta, recebre, recerca, recoumença, regreia, rema, remena, rena, remetre, replega, reprendre o reprene, retegne*, revèire* (sauf revèi), revenja, samena, seca, semena, soumetre, tegne*, trempa, trenca, vèire* (sauf vèi), venja.


È prononcé toujours ouvert :

A la lecture, pas de difficulté insurmontable : è écrit se prononce toujours ouvert.

A l'exception des deux mots "bèuta", "nouvèuta", il est impossible de trouver un son [è] ouvert en position atone ! Seule possibilité d’ouverture pour un [é] : être tonique et, de surcroît, s’écrire avec un accent grave ex : èro, ères [èřés], mèstre etc. exception faite, on l’a vu plus haut, pour les finales "-ell-.", "-er-consonne-." avec "e" accentués qui, bien que se prononçant toujours ouverts, ou plutôt pour cette raison précisément, sont dépourvus de l’accent grave écrit.

 

Comme une langue doit être aussi et surtout parlée et écoutée, retenons donc, en cohérence avec ce qui précède :

 

- Les suffixe -ènci et -ènço sauf hésitation sur les mots : absènci, aparènci (aparènço), 

   counsciènci, diferènci, impaciènci, presènci (presènço), sciènci, silènci, vióulènci.

- Le suffixe -ènt(o) sauf hésitation sur les mots : absènt(o), acènt, acidènt, argènt, cliènt(o), 

   counsciènt(o), countènt(o), diferènt(o), parènt(o), pendènt, presènt(o), presidènt(o), rendènt,

   venènt(o).

- Le suffixe -ello ex : estello [éslכ].  

- Les finales -er-consonne-e ou -o  ex :  terro [rכ], nerto (myrte), erbo, merle, erso (vague), 

    counverso (conversation)

- Les verbes en -ela ouvrent leurs e aux présents de l’indicatif, de l’impératif et du subjonctif sauf aux personnes 4 et 5  ex :    sagela (sceller)  sagelle, sagelles, sagello, sagellon (mais sagelan, sagelas conservent évidemment le son [é] fermé).

- Les verbes suivants se comportent comme sagela en ce qui concerne l’alternance sonore [é]/[è] (liste non exhaustive) :        

aceta, apela, arresta, s’asseta, cerca, counserva, counsidera, creba, crèisse (croître), detesta, enterra, espeça (dépecer), espera, estrema (enfermer), geina, gela, interessa, leva, manifesta, nega, parèisse, peca, penetra, penja, pensa, persevera, prega, presenta, presta, proutesta, regla, renja, resta, sembla, senti, serra (scier), servi, teni, travessa, treva (fréquenter), veni.

 

È prononcé ouvert ou fermé indifféremment:

Les éléments suivants peuvent présenter les deux prononciations ouverte ou fermée quoique s’écrivant avec l' accent grave :

soulèu [souw] ou [souw], vèire (voir), béure, bèn, pèr, rèn, sènso (sans), gènt (gent ou charmant), tèms, rènde (là où existe le e de soutien (cf cartes linguistiques)), parèis (il paraît), mestié, perqué, querre, absènci, aparènci (aparènço), counsciènci, diferènci, impaciènci, presènci (presènço), sciènci, silènci, vióulènci, absènt(o), acènt, acidènt, argènt, cliènt(o), counsciènt(o), countènt(o), diferènt(o), parènt(o), pendènt, presènt(o), presidènt(o), rendènt, venènt(o).

 

* Les verbes suivants hésitent quant à l’alternance sonore [e]/[è] dans la conjugaison et offrent donc les deux possibilités :

Adreissa, aqueri, béure*, counèisse, defèndre, depèndre, descèndre, despensa, dèure, dreissa, entèndre, fèndre, neva, pèndre, perdre, rèndre, tèndre, (re)tegne*, (re)vèire*.

Attention : cette hésitation est laissée à l'oralité et ne se traduit pas à l'écrit qui a privilégié la non-alternance graphique e/è pour les verbes béure, (re)tegne et (re)vèire et l'inverse pour les autres verbes de la liste ci-dessus.

 

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