Patrick Colombo.
Faculté de Lambesc. Année 2002/2003.
Licence sciences de l’éducation et multimédia.
UE Régulation stages et chantiers.
Retourner à la page d'accueil du site

DOSSIER : EVALUATION DE SITUATIONS OU D’ORGANISATIONS D’APPRENTISSAGES

        SOMMAIRE

Enquêtes 

 

 
 

Rémi Blancon

 

 

Annexe

 

 

II

Domergue Sumien version occitane

 

 

Annexe

 

 

II B

Domergue Sumien version française

 

 

III

Calandreta de Cuers

 

 

Annexe

 

 

IV

Professeur de provençal

 

 

Notes

 

 

V

A6-Médiaguide

 

 

VI

 

 

VII 

Prouvençau lengo vivo

 

 

Notes

 

Synthèse

 

 
 

Bibliographie

 

 
 

Index des sites web

 

 

Table des matières

 

 

Enquête n°1 : M Rémi Blancon (avec Jean-Christophe Carrey) remonter

L'entretien a eu lieu le 22 octobre 2002 de 15h30 à 16H30 au Centre Universitaire de Formation des Enseignants et des Formateurs (CUFEF) de l'Université d'Avignon.

Fonction de l'interlocuteur

Professeur des universités deuxième classe chargé de recherches.
Responsable du département de Physique.

Coordonnées

Faculté des Sciences. Université d'Avignon. 33 rue Pasteur. 84000 Avignon
Tel bureau : 04 90 14 44 66
Fax bureau : 04 90 14 44 69

Mèl : remi.blancon@univ-avignon.fr
http://www.univ-avignon.fr/

Structuralisme

Située dans la vieille ville d'Avignon, l'Université ne compte que 7000 étudiants. L'ambiance y est qualifié de familiale. On n'y déplore pas, par exemple, de dégradations, de graffitis ou de propension au chahut. Les effectifs, en faculté de Sciences, sont de 200 auditeurs en amphi contre 150 l'an dernier et de 40 contre 30 en travaux dirigés. Cette progression indique peut-être un regain d'intérêt pour une discipline qui avait tendance à être moins attractive ces derniers temps. 

L'Université comprend :

- Quatre UEFR : Lettres, droit, sciences et langage appliqués, sciences.
- Un IUT avec trois départements : Génie microbiologie, technique commerciales, génie de l'emballage.
- Quatre IUProfessionalisés : Informatique, agrosciences, communication, oenologie.
- Un département de la formation continue.

Les moyens fournis par les autorités de tutelle sont jugés suffisants à l'exécution des missions et les laboratoires sont bien dotés même si s’exprime le souhait de voir se créer quelques postes supplémentaires. L'adéquation des moyens aux fonctions serait à optimiser, par exemple concernant l'occupation des salles. En adoptant le point de vue de la pédagogie par l’évaluation*, l’'Université peut est considérée comme "bien classée" car la moitié des inscrits en DEUG sciences réussit son passage en deuxième année.

L'enseignant chercheur

Rémi Blancon est Ingénieur option métallurgie diplômé de l'école centrale de Paris (cf. annexe). Ses recherches récentes ont porté sur le domaine de la magnétosysmique dans les installations souterraines à bas bruit de Rustrel au plateau d'albion. Il collabore actuellement aux travaux du laboratoire d'hydrodynamique complexe de l'Université.
Il coordonne, dans son département de Physique, les activités d’une équipe composée de trois professeurs, trois maîtres de conférences titulaires, un maître de conférences et demi détaché, un ATER et un technicien. Cette collégialité que privilégie Chevalar est le garant d’une compétence pérenne par la confrontation des points de vues qu’elle induit.
Il assure les cours magistraux de Mécanique du point et les travaux dirigés d'électrostatique et d'électrocinétique auprès des étudiants en DEUG sciences de la vie, et ceux de découverte de la Physique auprès des sections littéraires. En partenariat avec le département des sciences de l'éducation, il contribue au module d’accompagnement et de réorientation des étudiants en fonctions de leurs centres d'intérêt et de leurs résultats partiels. C’est un exemple concret de traitement du conflit paradigmatique par la régulation. Cet enseignant ne se réfère pas à une technique ou à une méthode didactique définie et améliore au fil du temps sa prestation grâce à l'expérience qu'il acquiert. Il se forme donc en formant les autres, prenant en compte l’aspect « savoir devenir » du triptique du formateur « élever, enseigner, former » en se l’appliquant à lui-même**. Il rédige quelques cours sous Word mais la plupart d'entre eux sont manuscrits. La présentation en amphi ou en salle de classe s'appuie sur une mise à plat détaillée du plan suivi, au tableau ainsi que des étapes des calculs. Les cinq dernières minutes sont réservées au dialogue avec les étudiants. Il préfère les cours classiques et utilise très peu le multimédia; par exemple, il a moins recours aux transparents que lorsqu'il enseignait à Aix. Le développement de ressources pédagogiques (cours en ligne, Cédérom...) avec l'outil informatique demanderait du temps et de la passion et résulterait d'une démarche personnelle.
Rémi Blancon apprécie la ville d'Avignon, la bonne ambiance qui règne au sein de l'Université et le contact avec les jeunes. Il goûte aussi la liberté d'organiser son travail qui lui permet de se consacrer à d'autres occupations.
Il ne regrette pas son parcours professionnel (cf. annexe). Il est heureux d'avoir intégré l'enseignement même si les rémunérations y sont inférieures que dans le privé. Il aime s'investir dans la transmission des connaissances et Le sentiment d'être utile le valorise. Cette visée, au sens castoriadien du terme, quoique survenue par les circonstances de l’existance, est parfaitement intégrée. Notons que sur cinq ans seulement, son déroulement de carrière est remarquable. Son souhait est de démarrer maintenant une nouvelle recherche afin d'équilibrer sa fonction d'enseignant et pour sa satisfaction personnelle. De plus, la progression professionnelle dépend des publications...

Corollaire

Le choix d'interroger Rémi Blancon s'imposait car, aussi bien sur le plan culturel que scientifique, celui-ci est dépositaire de savoirs rares qui vont de la connaissance intime de la lenga nòstra à une pratique brillante de la  recherche et de l'enseignement. Il fallait aussi le rencontrer sur son lieu de travail afin de mieux appréhender le sujet en s'imprégnant du lieu. Evidemment, les échanges durent être concis et denses mais cela convenait au format imposé de compte-rendu succinct sans nuire à la qualité du témoignage : il nous a, par exemple, semblé intéressant de constater la non-utilisation revendiquée de l'informatique chez un ingénieur pourtant familier de cet outil. Conscients des possibilités limitées de transmettre toute la réalité du déroulement d'une enquête, qu'il nous soit permis ici d'espérer que ce rapport la reflétera au mieux et qu'il sera bien reçu, aussi bien par nos formateurs que par Rémi Blancon à qui nous adressons de nouveau tous nos remerciements chaleureux. Gramaci car ami !

* « Une pédagogie centrée sur l’évaluation serait une pédagogie du "bachotage" ou pédagogie par le contrôle , préoccupée d’abord par la production finale, définie par ailleurs et que l’on cherche à obtenir par n’importe quel moyen » (Jean Berbaum).

** « Dans tous les cas, on apprend à devenir homme. Si donc on veut définir l’éducation, il faut réfléchir sur le mot Homme » (Olivier Reboul).

Annexe remonter

Parcours professionnel

Rémi Blancon est ingénieur diplômé de l'Ecole Centrale de Paris. Il effectua son stage industriel de fin d'études dans la grande aciérie moderne de Fos, ayant choisi la métallurgie comme spécialité. Il y fit des recherches et développements préliminaires à la construction de l'unité de coulée continue.
Au cours de son service militaire, il enseigna la technologie aux apprentis de la marine française à l'école des mécaniciens de Toulon.
Au printemps soixante-seize, il rejoignit le CEMEF de Sophia-Antipolis, un laboratoire de recherche de l'Ecole des Mines où l'on étudiait les propriétés mécaniques et la déformation des matériaux, métaux et plastiques. Il y prépara une thèse de doctorat durant trois ans. Il était chargé de l'étude de la lubrification de la forge à froid, c'est à dire des films lubrifiants facilitant le glissement des métaux mis sous pression à froid sur les outils. Il fit des calculs de modélisation mathématique de la couche d'huile et du jaillissement plastique des métaux. Il forgea également des pièces sous presse hydraulique de cinq cents tonnes. Ce fut le seul moment de sa vie où il put se consacrer à un objet unique et le fouiller complètement : Il en fit le sujet de sa thèse.
En septembre soixante-dix-neuf, il fut engagé à l'Institut de Recherche de la Sidérurgie Française en Lorraine pour développer la lubrification du laminage à froid de l'acier. Puis sa fonction s'élargit à l'étude de l'automatisation d'un laminoir à froid et à la lubrification du laminage à chaud. Il fit des études bibliographiques, des calculs et des expérimentations en usine. Ce fut l'occasion d'essais sur le laminoir de Fos où il avait effectué son stage. Les chercheurs de l'IRSF avaient la possibilité d'être détachés pour un an à fin de recherches appliquées en usine. Il posa sa candidature pour Fos qui fut acceptée.
Début quatre-vingt-quatre, il dut finalement renoncer à ce déménagement pour raison familiale et accepta un emploi dans la fabrique où il travaillait. Ils avaient besoin d'un ingénieur pour le développement technique de la forge. Il démissionna de l'institut de recherche et resta dans cette fabrique pendant trois ans et demi. Il y mit au point de nouveaux procédés de forge par simulations sur modèles en pâte. Il avait la responsabilité de la conception assistée par ordinateur et fit des études d'investissements.
En 1987, il intégra St Gobin Vetrotex, une société de Chambéry productrice de fibres de verre de renforcement des plastiques. Attaché à la direction du marketing international, Il assurait la veille technologique en se tenant informé sur les produits concurrents ou complémentaires. Il était aussi chargé du recyclage des composites en fin de vie et des chutes de fibre de verre pour que leur utilisation ne fût pas interdite pour raisons écologiques. Il développa des applications pour le marché du Bâtiment : plaques de toitures, tissus muraux, murs, matériels sanitaires. Il perdit cet emploi en 1994 suite à un plan de licenciement économique collectif. Il avait, entre-temps, obtenu la qualification de Maître de conférences en chimie des matériaux.
Il eut la bonne fortune de retrouver du travail sur place. Il créa, mandaté par l'Agence économique de la Savoie dans le cadre d'un PAST, l'Institut Conception Mécanique et Environnement. Cet organisme, rattaché à l'école des Arts et Métiers, a pour but la prise en compte des exigences de l'environnement dans la conception des produits industriels. En juin quatre-vingt-dix-huit, son contrat ne put être prolongé. Il avait cependant décroché l'agrégation et l'habilitation à diriger des recherches.
Il obtint aussitôt un poste de Maître de Conférences à l'IUT d'Aix-en-Provence.
L'année d'après, il devint Professeur à l'université d'Avignon, dans le département de physique.

Publication

(2002), Uno start-up dins ma bastido, Marsiho, Edicioun Prouvènço d’aro.

Enquista n°2 :  Sr Domergue Sumien dins l’encastre de sei foncions a l’institut APRENE remonter Anar a la pagina de presentacion dau Caramentrant

L'entrevista se faguèt lo 24 d’octòbre de 2002 de 12h30 a 14h00 dins un restaurant pròche l’institut.

Foncions de l'entreparlaire

Professor de  linguistica e d’occitan. Coordenaire de la lenga occitana

Coordenadas

APRENE. Maison de la vida associativa, BP 2530.15, carrièra General Margueritte. 34555 Besièrs.
Tel. 04 67 28 75 36 
Corric : domergue.sumien@tiscali.fr
Sit oèb d’APRENE :
http://www.aprene.org

L’establiment

Aprene, primier establiment d’ensenhament superior en occitan existís dempuèi 1995. Assegura la formacion iniciala deis ensenhaires de Calandretas sus tres ans. Es restacat a l’Institut Superior dei Lengas de la Republica Francesa (ISRLF). Parteja amb d’autreis associacions occitanas una sala granda amb bibliotèca, laboratòri de lenga, materiau informatic eca. I a tanben doas salas de cors. Lei mejans porgits son jujats per lo Domergue globalament satisfasents tau coma l’exigéncia de qualitat de l’ISRLF. Aprene es bailejat per lo Director Sr Felip Hammel e emplega aumens tres salariats permanents. Convida tanben fòrça intervenents exteriors.

Lo prètzfach

Leis estudiants, un vintenau a cada promocion, son recrutats au nivèu de la licéncia per examen (la jurada). Pòdon aprofichar una formacion especifica, en segonda annada, per passar lo concors de professor d’escòla. Demieg elei, trobam pas tròp de militants mai de mond qu’an la vocacion d’ensenhaires e mai l’amor de la lenga. Cadun seguís lo meteis cors en lengadocian o en provençau segon leis annadas en foncion de la preséncia o non de provençaus mai deu trabalhar son quite dialècte d’espersé, amb d’exercicis, a l’ostau. La majoritat capita d’anar fins au bot deis estudis. Domergue ensaja de presentar de cors clars en fasent participar leis estudiants per lei far chifrar. I a gens de sectarisme, de prejujats o d’enebicion mai la grafia classica es estada chausida amb ensai de seguir leis règlas dau Conseu de la Lenga Occitana. L’autís informatic es utilizat per fargar de fichas pedagogicas amb Word. Dins l’avenidor, e après melhorament, seràn messas en linha. Porgís tanben un sosten tecnic per de publicacions (mapas d’una Istòria d’Occitània amb lo Robèrt Lafont). Lei collègas engimbran de paginas web o mai de numerizacions de musicas o de còntes sus CD. Son a passar au sistèma linux que permet aisat de reviraduras en òc sensa entrambles de drechs de reproduccion; lo projècte interèssa d’alhors de clubs Linux.

L’itinerari

Domergue es titular d’una licéncia en linguistica e d’un DEA en istòria, as Ais. A l’ora d’ara, alestís sa tèsi de linguistica occitana a Montpelhier. Ensenha a Aprene dempuèi quatre ans. Èra emplegat per la federacion d’Erau dei Calandretas mai dieumercé Sr Hammel, son estatut foguèt melhorat l’an passat. Ten lo projècte de daverar lo CAPES d’occitan fins d’aver la libertat de far de recercas dins d’universitats. Militant occitanista quinze ans de temps dins lo relarg sestian e ara a Montpelhier, ten una coneissença especifica interdialectala de la lenga tras qu’utila ais estudiants d’Aprene.

Calandretas

Sosten sempre Calandreta e mai siá puslèu decebut sus mantunei ponchs qu’an de consequéncias negativas sus l’ensenhament qu’es inegau : lei federacions respèctan mau lei dialèctes (Nimes, Gap, Mureth) e entretenon l’emplec precari per manca de mejans. Au còntra, van ben per crear d’escòlas novèlas o ne’n enantir e per obtenir de subvencions vèrs lei poders publics. I a de problèmas de seleccion dei responsables que jògan pas lo jòc dau banh linguistic. Leis escòlas fan un sevici public e devon aculhir tot lo mond e mai lei gents que venon per la pedagogia o per l’encastre preservat mai que son, de còps, quasi còntra l’occitan! Vendrà a Calandreta de se melhorar…

Conclusion

Coneissiam lo franc valentin dau Domergue e li siam devents de nos aver expausats leis problèmas tau coma son de son vejaire. En pas se tapant leis uelhs, se devinam assabentats per poder bastir un ensenhament mielhs asatat a la tòca de la lenga occitana vidanta au servici deis enfants.

Annexa  remonter

Enquête n°2 bis : M Domergue Sumien dans le cadre de ses fonctions à l'institut APRENE remonter Aller à la page de presentation du Caramentrant

L'entrevue a eu lieu le 24 octobre 2002 de 12h30 a 14h00 dans un restaurant près de l’institut.

Fonctions de l'interlocuteur

Professeur de  linguistique et d’occitan. Coordinateur de la langue occitane.

Coordonnées

APRENE. Maison de la vie associative, BP 2530. 15, rue Général Margueritte. 34555 Béziers.
Tél. 04 67 28 75 36 
Mèl : domergue.sumien@tiscali.fr

L’établissement

Aprene, premier établissement d’enseignement supérieur en occitan existe depuis 1995. Il assure la formation initiale des enseignants de Calandretas sur trois ans. Il est rattaché à l’Institut Supérieur des Langues de la République Française (ISRLF). Il partage, avec d'autres associations occitanes, une grande salle avec bibliothèque, laboratoire de langue, matériel informatique etc. Il possède aussi deux salles de cours. Les moyens fournis sont jugés globalement satisfaisants par Doumergue ainsi que l'exigence de qualité de l’ISRLF. Aprene est dirigé par M Felip Hammel et emploie au moins trois salariés permanents. Il invite aussi beaucoup d'intervenants extérieurs.

La tâche

Les étudiants, une vingtaine à chaque promotion, sont recrutés au niveau de la licence par examen (la jurada). Ils peuvent bénéficier d'une formation spécifique, en seconde année, pour passer le concours de professeur des écoles. Parmi eux, on trouve peu de militants, mais des gens qui ont la vocation d'enseigner et l'amour de la langue. Chacun suit le même cours en languedocien ou en provençal selon les années en fonction de la présence ou non de provençaux mais doit travailler lui-même son propre dialecte, par des exercices à la maison. La majorité réussit à mener à bien ses études. Doumergue essaie de présenter un cours clair en faisant participer les étudiants afin de les faire réfléchir. Il n'y a aucun sectarisme, ni préjugé ou interdit mais la graphie classique a été choisie en essayant de suivre les règles du Conseil de la Langue Occitane (CLO). L'outil informatique est utilisé pour confectionner des fiches pédagogiques sous Word. A l'avenir, et après améliorations, elles seront mises en ligne. Il fournit également un soutien technique pour des publications (cartes d'une histoire d'Occitanie avec Robert Lafont). Ses collègues fabriquent des pages Web ou procèdent à des numérisations de musiques ou de comtes sur CD. Ils sont en train de passer au système Linux qui permet des traductions en oc sans problèmes de droits de reproduction ; ce projet intéresse d'ailleurs des clubs Linux.

L’itinéraire

Doumergue est titulaire d'une licence en linguistique et d'un DEA en Histoire à Aix. Aujourd'hui, il prépare sa thèse de linguistique occitane à Montpellier. Il enseigne à Aprene depuis quatre ans. Il était employé par la fédération de l'Hérault des calandretas mais grâce à M Hammel, son statut a été amélioré l'an dernier. Il a le projet de décrocher le CAPES d’occitan afin d'avoir la liberté d'effectuer des recherches en universités. Militant occitaniste pendant quinze ans dans la région aixoise et maintenant à Montpellier, il possède une connaissance spécifique interdialectale particulièrement utile aux étudiants d’Aprene.

Calandretas

Il soutient toujours Calandreta bien qu'il soit plutôt déçu sur plusieurs points qui ont des conséquences négatives sur l'enseignement qui est inégal : les fédérations respectent mal les dialectes (Nîmes, Gap, Muret ) et entretiennent l'emploi précaire par manque de moyens. En revanche, elles sont efficaces pour créer des écoles nouvelles ou en agrandir et pour obtenir des subventions des pouvoirs publics. On rencontre des problèmes de sélection des responsables qui ne jouent pas le jeu du bain linguistique. Les écoles assurent un service public et doivent accueillir tout le monde même les parents qui viennent pour la pédagogie ou pour l'environnement préservé mais qui sont parfois presque contre l’occitan ! Ce sera à Calandreta de s'améliorer…

Conclusion

Nous connaissions le franc-parler de Doumergue et nous lui sommes reconnaissants de nous avoir exposé les problèmes tels qu'il les ressent. En ne se voilant pas la face, on se trouve mieux informé pour pouvoir bâtir un enseignement mieux adapté à la finalité d'une langue occitane vivante au service des enfants.

Enquête n°3 : Calandreta de Cuers remonter Retourner a la page de presentation

L’évaluation s’est déroulée dans les locaux de l’école, l'après-midi du vingt-six novembre 2002.

Coordonnées

Adressse : Calandreta de Cuers. Chemin de la ruol 83390 - Cuers.
Tél : 04 94 48 52 92.
Mèl :  calandreta.cuers@wanadoo.fr

Déroulement de l’enquête

Les interlocuteurs principaux sont les trois enseignants de l’école qui m'accueillent alternativement dans leurs classes : Miquela Bramarié est la fondatrice de la calandreta et bénévole. Audrey est en seconde année à APRENE (cf annexe) et va présenter le concours de professeur des écoles. Jan, qui s’occupe des petits, y a passé la jurado (équivalent du concours d'entrée à l'IUFM) et a effectué les stages de première année dans des calandretas de Nîmes et Orange. Il a obtenu une dérogation pour enseigner.

Philosophie et fonctionnement

La calandreta de Cuers est une association qui compte plus de quatre-vingt membres. Les parents sont membres d’office. C’est une école par immersion linguistique qui accueille des enfants en maternelle et en primaire. La totalité des activités se fait, en principe, en provençal. Cette consigne est respectée à 90% par les enseignants mais les difficultés de recrutement font que les assistantes maternelles, en emploi précaire, ne sont pas occitanophones ni au fait des méthodes de la pédagogie par immersion… On évalue la part des informations en langue que reçoit l’enfant (l’input), tous milieux confondus à 19 %. On ne s’étonnera donc pas que le français soit leur langue d’échanges. Conformément à l’esprit de la pédagogie institutionnelle à laquelle Audrey fait référence, les enfants et les parents doivent être des acteurs associés à l’enseignement. Un exemple : ce jour là, des ateliers sont proposés aux enfants et ces derniers choisissent lequel ils vont suivre. Il s’ensuit des panachages entre les classes et les tranches d’âges. Une parente d’élève, professeur d’occitan à mi-temps est venu assurer l’un des ateliers. Autre exemple : les règles de vie en communauté sont édictées avec la participation active des enfants et revisitées régulièrement. On a mis en circulation une monnaie fiduciaire symbolisée par un animal par classe qui remplace avantageusement les bons points et qui permet d’acheter au marché du vendredi ; les parents fournissant les objets. J’ai été favorablement impressionné par la classe d’Audrey en fin de journée où j’ai assisté à un exercice de relaxation musicale suivie d’une séance présidée par un élève qui a demandé tour à tour à ses camarades et à la maîtresse leurs sentiments sur la journée écoulée. On semble favoriser les échanges dans le respect des développements de l’enfant et du futur citoyen dans le groupe, en droite ligne avec les apports aux sciences de l’éducation d’un Freinet*.

Pérennité de l’école

La calandreta de Cuers existe depuis trois ans et compte une cinquantaine d’élève. On peut dire qu’elle est victime de son succès. Pour faire face à la demande, il a fallu agrandir les locaux en montant un financement à base de  souscription publique et aujourd’hui, la situation économique est préoccupante. En effet, le système des emplois jeunes est supprimé par le gouvernement français et l’association n’a pas les moyens de faire face. La Commune n’apporte aucune aide et serait même en droit de réclamer la restitution des terrains. Ne parlons pas des pouvoirs publics qui se montrent au mieux indifférents… La seule chance de rétablir les équilibres et d’assurer, entre autres, un traitement correct aux enseignants serait que l’Etat acceptât d’avancer la contractualisation sans attendre le délais de cinq ans normalement requis. Une autre piste suivie consiste en une demande de subvention auprès de l’union européenne qui elle, prend en compte les droits des langues et des cultures minorisées. La confédération des calandretas piétine sur ce dossier depuis trois ans et il est repris par un notaire de Martigues majorale du félibrige et amie de la calandreta.

Résultats

On ne reviendra pas sur les performances scolaires des calandrons dans la suite de leurs parcours, bien supérieurs à la moyenne, qui est de notoriété publique. Cela fait même partie de la motivation des parents dont une bonne moitié ne sont pas méridionaux. Du point de vue de la langue, « immersion ne signifie pas noyade ». Elle n’est jamais imposée aux enfants mais on essaye de faire en sorte qu’ils s’y sentent bien  et y trouvent du plaisir sans qu’ils aient même conscience de ce qu’est le provençal. Le bonheur étant de les entendre régulièrement et rapidement composer des phrases entières. Je dois dire que le père d’une fillette de cinq ans que je suis a puisé de riches inspirations dans cette sagesse basée sur l’expérience.

Conclusion

La calandreta est menée à bout de bras au prix d’efforts immenses et  désintéressés par des personnes justement convaincues que la maintenance de la langue passe par l’éducation. Miquela qui a présenté vaqui pendant des années et qui poursuit une carrière dans la chanson (http://perso.club-internet.fr/mirau/miquela.htm)considère qu’enseignement et médias sont les deux pôles sur lesquels doivent porter nos efforts. Souhaitons longue vie à cette école car il serait déplorable que les subsides publics fussent assurés à tant de fonctionnaires qui se contentent d’aller pointer en classe et refusés à la calandreta de Cuers par le fait du prince.

* « Les finalités individuelles de l’éducation sont liées à ses finalités sociales. La question : quel type d’individu former ? est inséparable de cette autre question : dans quel type de société prévoit-on son épanouissement ? » (Hubert Hannoun).

Annexe remonter

Enquête n°4 : Un professeur de provençal dans un lycée de Provence (avec Brigitte de Rosa) remonter

L’évaluation débute le 04 décembre 2002, à 12H20 dans la classe de provençal.

Elle se déroule en deux phases : une discussion de quarante minutes avec le professeur puis un cours de deux heures auquel nous assistons. Nous considérons la classe comme un système, les modules en étant les personnes y participant, nous y compris, car, dans une perspective clinique, nous ne sommes pas dupes des interactions que nous ne manquons pas de susciter*. Le professeur est le module décisionnel et le produit du système est le cours lui-même avec ses disparités, tant en ce qui concerne le processus et les ajustements par rapport à la procédure prévue par l’enseignant que suivant les ressentis, les intégrations, les  altérations qu’il induit chez tous. L’énergie provient des motivations de chacun à divers degrés pour un objectif : faire vivre la langue. Renonçant à l’exhaustivité illusoire, intéressons--nous maintenant au professeur !

Les liens externes

La langue

La langue est présente dans sa famille en fonction des circonstances et ses grands parents maternels parlaient provençal. Il l’a redécouverte au lycée et lui a trouvé un intérêt intrinsèque dans le champs des langues romanes avec le soucis de diversité culturelle et de relativisation du regard sur la société française :  « On voit mieux les choses de la marge ». Il n’est pas du tout sensible au discours identitaire.

La communauté

Il a des rapports distendus avec les autres professeurs de provençal même s’il dit avoir « pris ses  trucs » auprès d’enseignants de Calandretas au cours de colloques (CREO, AELOC et FELCO, cf. note 1). Une grande partie de l’entretien est consacrée, à son initiative, à l’actualité de la défense de la langue et à notre implication dans le milieu (cf. note 2). Il nous confie, sous couvert d’anonymat, que son "clan" est « Lou prouvençau à l’escolo » mais qu’il a pris ses distances avec lui car il privilégie l’esprit d’ouverture envers tous les pays d’Oc en accord avec l’idéologie authentique de Mistral (cf. note 3). Il a rejoint l’association « Prouvençau lengo vivo ».

La hiérarchie 

Enseigner le provençal est considérée comme une activité marginale. Placé dans des établissements par la hiérarchie, c’est à lui de se débrouiller pour recruter des élèves et mettre en place les cours (six cette année dans toute la Provence). Il est habituels que les heures de provençal soient sacrifiées suivant les exigences d’autres professeurs. Une autre bonne partie de l’entretien a porté sur ces pratiques injustes et parfaitement illégales mais finalement l’offre d’aide que nous nous proposions de mettre en place à la faveur de cette prise de contact a été déclinée au profit de l'action individuelle…

L’enseignant 

Il a débuté voilà six ans. Il est titulaire du CAPES en lettres modernes et provençal. Cette année, il travaille dans deux lycées et trois collèges disséminés en Provence. Relevons quelques exemples de démarches pédagogiques : étude de chants de Noël et montage de pastorales avec les sixièmes et cinquièmes, créations de pièces de théâtre avec les quatrièmes, collectage filmé de témoignages à propos de la dernière guerre, avec les lycéens. Il précise ne pas suivre de méthode et les évaluations sont faites principalement sur la base de l’oral en cohérence avec les modalités du Baccalauréat. Les résultats, du point de vue de la réussite à cet examen sont bons mais secondaires. C’est autrement gratifiant de compter, parmi ses anciens élèves, un présentateur connu d’émissions télé en provençal. Il lui arrive fréquemment de donner des cours bénévolement dans les établissements où il enseigne pour répondre à la demande des enfants et des adolescents.

Le cours

S’adressant à quinze élèves de première qui ont choisi la musique en option dite lourde, la première partie du cours portera sur l’étude d’une chanson des « Massilia », un célèbre groupe provençal de ragga. Auparavant, comme nous sommes le jour de la Ste Barbe, nous profitons d’un topo sur cette tradition en Provence. Ces deux exemples montrent le soucis de partir des connaissances de l’auditoire. En nous centrant sur le professeur, nous n’avons pu cerner les motivations des adolescents mais ceux-ci sont volontaires et réceptifs**. Ils sont aidés en cela par une façon très rythmée de présenter l’argumentaire où diverses approches sont tour à tour explorées autour de la matière : lectures, points de langues, questions-réponses, digressions etc. L’objectif restant toujours de faire parler les élèves le plus possible en leur « donnant les bases » et en s’appuyant sur les « trucs du métier ». La grande majorité d’entre eux n’ont pas l’accent méridional et rencontrent les difficultés habituelles des locuteurs d’en dehors d’ Occitanie : placement de l’accent tonique, prononciation des phonèmes spécifiques, tournures gallicisantes etc. Par trois fois, le professeur confiera à des élèves le soin d’effectuer des recherches personnelles sur Internet ou autres pour répondre à des problématique soulevées en classe. Il demandera également à l’un d’entre eux d’expliquer à l'assemblée un point difficile. On aborde, au cours de la dernière demi-heure, des questions plus  fondamentales : pourquoi parler provençal aujourd’hui ? Le provençal, variété de l’occitan. La civilisation des troubadours. Les deux graphies. Peut-on y déceler une interaction-interférence du module « évaluateurs extérieurs » ?

Conclusions 

Enseigner le provençal est un choix éminemment militant et il est utile d’en partager l’expérience et les problèmes au quotidien. Puisse notre témoignage d’intérêt se révéler un soutien constructif ainsi que l’exemple d’une conversation naturelle en lengo nostro, dont n’a pas perdu une miette cette élève qui traînait en classe après le cours et qui y aura puisé une nouvelle motivation.

* « Se consacrer autant à l’observation de l’environnement qu’au fonctionnement du système ! » (Daniel Durand).

** « On a voulu distinguer une dimension instrumentale à l’acquisition d’une langue, liée à des besoins de type relationnel, technique ou professionnel, et une motivation symbolique, par exemple intégrative : le désir de faire partie d’une communauté en maîtrisant sa langue. On a aussi distingué des motivations liées à la contrainte, à l’ambition de réussir, au goût de savoir et au plaisir… Il n’est pas sûr que les choses soient dissociables » (Pierre Martinez).

Notes remonter

Note 1 

CREO = Comitat Regionau d’Estudis Occitans.
AELOC = Associacion deis Ensenhaires de Lenga d’Òc.
FELCO = Federacion per l’Ensenhament de l’Occitan

Note 2 

1- Distribution des cassettes de tintin traduites en provençal par televoc à de nombreux enseignants, au cours d’une cérémonie au museon arlaten en présence d’élus et de personnalités, quelques jours auparavant.

2- Campagne menée il y a deux ans pour aider un lycéen de Fréjus à obtenir un cours de provençal.

3- Critiques comparées d’une méthode de provençal avec Cdroms parue récemment.

Note 3 

On a pu déplorer, ces dernières décennies, dans certains milieux provençalisants une crispation identitaire se cristallisant autour du rejet de la graphie classique et de l’Occitanie qui menaceraient la graphie roumanillienne et la Provence. Heureusement, les esprits évoluent dans un sens positif aujourd’hui.

« Dis Aup i Pirenéu e la man dins la man, troubaire, aubouren dounc lou vièi parla rouman ! »
Des Alpes aux pyrénées et la main dans la main, trouvère, relevons donc le vieux parler roman !
                                                                                                                                        (F. Mistral)  

Enquête n° 5 : M Gérard Claës, Directeur fondateur de A6-Médiaguide remonter

Elle a été  réalisée à l’occasion de deux entretiens : le premier, dans le cadre du salon téléform à Marseille le 05 décembre 2002 et le second, au siège de l’entreprise, à Evry, le 27 du même mois.

Coordonnées

Adresse : A6-Médiaguide. 42, rue Paul Claudel – 91 Evry.
Tél : 01 60 77 72 06
Site web :
http://www.a6.fr

A6-Médiaguide

Cette structure d’une dizaine de collaborateurs fondée en 1986 est spécialisée dans la conception et la mise en oeuvre de didacticiels et d'outils de formation en ligne. Elle développe, par exemple, la plate-forme Serpolet d’enseignement à distance utilisées par plusieurs universités dans le monde. Parmi ses réalisations, distinguons le projet Saatar élaboré avec le gouvernement algérien et une équipe de soixante-dix formateurs, selon la méthode éprouvée maison en dix phases (de l’acceptation au support technique), qui a mis en place une plate-forme d’enseignement de la langue  berbère et qui a valu à A6-médiaguide le trophée 2002 de la coopération internationale des entreprises de l’Essonne. Depuis les générateurs d’exercices aux outils de gestion et d’évaluation en ligne de groupes d’apprenants, en passant par les espaces de « tchatche » intégrés, A6 poursuit ses recherches et développements dans le domaine du multimédia au service des sciences de l’éducation.

L’homme

Gérard Claës est un belge mathématicien de formation. Il quitte Bull en 1986 pour créer une unité indépendante qui réponde aux besoins de formation en ligne des entreprises. L’expérience qu’il acquiert au contact des problématiques liées à l’enseignement l’amène à s’intéresser aux paramètres culturels et linguistiques intervenant dans la transmission des contenus. Il part du constat de l’envahissement de la langue anglaise dans le monde. Hors, en tant que langue d’une puissance hégémonique ou supposée telle, cela ne va pas sans poser des problèmes politiques graves. Bon connaisseur de la langue de Shakespeare, il est bien placé pour savoir, qu’elle n’a pas vocation particulière à devenir la langue internationale, pas plus dans le domaine informatique que dans un autre, car, en tant que langue naturelle, forgée au fil des siècles, avec l’émergence d’irrégularités et de formes typiques, elle demande des efforts considérables aux non-locuteurs natifs qui veulent la posséder. Cette caractéristique est accentuée par un génie créatif exacerbé qui fait évoluer l’anglais très vite.

La langue internationale

L’espéranto évite ces écueils. Régulier, facile à pratiquer, il ne tend pas à se substituer aux langues des peuples puisque tel auteur finlandais peut être lu par un catalan et inversement, par son intermédiaire*. De plus, la traduction aura été faite par un locuteur de langue maternelle vers la langue internationale, diminuant les risques de dilution de sens du fait de la rigueur et de la souplesse de l’espéranto, prenant à rebours ce qui se fait actuellement. Pratiqué par quatre millions de personnes, reconnu et encouragé par les instances internationales, sa structure logique et la philosophie humaniste qui a toujours présidé à son développement a séduit notre scientifique.

Des produits culturels pour l’Education Nationale

Voilà pourquoi, Gérard Claës développe aussi des produits de transferts de connaissances par l’espéranto. En faisant la promotion de cette démarche, il fait figure de pionnier et l’Union Européenne lui a confié des missions de réflexion sur les aspects de localisation des cours pour étudier comment passer d’une Culture à une autre en fonction des médias. Cette exigence l’a amené à répondre aux attiquameks, peuple inuit du Canada, en mettant à leur disposition un outil de sauvegarde de leur Culture orale très originale sur base de données. C’est ce même élan qui nous amène à développer un programme éducatif d’apprentissage du provençal incluant une étude des aspects grammaticaux et morphologiques comparés aux autres langues du monde : la volonté louable d’une initiation précoce au multilinguisme dans nos écoles méritant mieux, pour y répondre, que les pauvres cours d’anglais qui se mettent en place actuellement**. Merci à M Gérard Claës de me donner l’opportunité de réaliser ces travaux. Pour des raisons de commodités, le stage se déroulera principalement à Gardanne jusqu’à fin avril 2003.

* « Traduits en esperanto alors qu’ils ne le sont pas du tout en langues nationales, des chefs-d’œuvres issus de Cultures peu connues on fait le tour du monde » (Pierre Janton).

** « Il serait prudent, plutôt que de continuer à investir dans une multiplication coûteuse des cours de langue, de mieux analyser les éléments qualitatifs de faits culturels qui freinent le développement de compétences linguistiques » (Jeanne Mallet).  

Enquête n° 6 :   

Enquête n° 7 : Mlle Virginie Bigonnet, co-organisatrice du stage annuel de « Prouvençau  lengo vivo » remonter

L’entretien a eu lieu le huit janvier 2003 de 15H00 à 16H00 dans un salon de thé près du Museon arlaten (note 1), après un cours d’espagnol que notre interlocutrice venait de donner à la Faculté.

Coordonnées

Association « Prouvençau lengo vivo » chez Virginie Bigonnet. La Paillane. 84 330 Caromb.
Tél : 04 90 12 70 04

Mèl : prouvencaulengovivo@free.fr

Site web : http://prouvencaulengovivo.free.fr/

L’itinéraire d’une jeune femme professeur de provençal

C’est au collège que Virginie prend conscience de la spécificité du vocabulaire employé par sa famille et elle-même*. Elle commence alors à suivre les cours dispensés par Jean-Bernard Plantevin (note 2) à Mazan puis à Caromb. Elle inaugure la première possibilité donnée de choisir le provençal comme option obligatoire au Baccalauréat et poursuit ses études jusqu’au DEA. Titulaire du CAPES espagnol et provençal, elle enseigne celui-ci à cent cinquante élèves volontaires de trois collèges et un lycée du Vaucluse recrutés à l’aide de fiches d’information et d’inscriptions distribuées en début d’année.

Le stage du Ventoux

L’idée fondatrice

Constatant que peu de jeunes poursuivaient au delà du Bac, transformant peu à peu le provençal « en une sorte de latin », Virginie conçut le projet de leur proposer un stage annuel de cinq jours dans un chalet du mont Ventoux loué à la Fédération des œuvres laïques afin de leur donner l’occasion de socialiser la langue. Le succès fut immédiat et l’on dut refuser du monde. Les aides pécuniaires affluèrent de toute la Provence : Parlaren, Felibrige, Prouvençau à l’escolo, Unioun prouvençalo, associations locales et particuliers aidèrent au financement. Pour cause d’impératif juridique, l’association « Prouvençau lengo vivo » fut créée, regroupant la dizaine d’animateurs d’une manifestation dont la semaine de Pâques verra la troisième édition cette année et qui a accueilli déjà soixante-dix jeunes.

Des activités axées sur les nouvelles technologies de la communication

Les groupes se partagent alternativement les activités multimédia de l’après-midi :

-         Publication d’un quotidien papier et en ligne sur les événements de la journée.
-         Création, assistée par ordinateur, d’un roman photo.
-         Atelier musique avec traitements informatisés des fichiers son.
-         Préparation du journal télévisé présenté chaque soir avec des reportages filmés.
-         Travail de collectage auprès d’habitants des alentours sur mini-disques et numérisation sur CD à l’aide du logiciel Sound Forge.

Cette dernière activité permet de nouer des contacts avec la population autour du projet d’une langue vivante intégrée. L’accueil est qualifié d’enthousiaste. L’association propose aussi, en libre service aux stagiaires, l’accès à une discothèque numérisée sur disque dur constituée méthodiquement avec tous les enregistrements d’œuvres auxquelles elle a accès, dans l’esprit de ce que fait le COL’OC (note 3). Les problèmes pour loger les jeunes, les animateurs et l’équipe des six bénévoles de l’intendance aggravés par l’accueil de groupes de musiciens ou des journalistes limiteront désormais le nombre de stagiaires à trente. Concernant le suivi des échanges entre les périodes de stage, la charradouiro (chat) dominicale mise en place n’a pas eu le succès escompté car les jeunes sont encore insuffisamment équipés. Le quinze août, une marche nocturne vers le sommet du mont Ventoux réunit les participants majeurs qui le souhaitent. C’est l’occasion de renforcer les liens d’amitié qui se sont noués à l’occasion du stage.

Bilan et perspectives

La grande satisfaction aura été de constater les nets progrès dans l’aisance avec la langue des stagiaires et leur motivation accrue à l’employer. C’est ce qui l’a incitée à continuer et a pérenniser l’expérience. La forte demande des jeunes demanderait même la multiplication de ce genre de stage qui sont malheureusement encore trop peu nombreux : celui du CREO (note 4) dans le var qui accueille des gens de tous âges, les dimenchados de Perreti à Marseille, le stage du festival de Martigues qui n’a pas eu lieu cette année… Notre provençale ne manque pas d’idées pour l’avenir comme celle d’intégrer à l’équipe d’animation du stage, les jeunes les plus compétents à fin de renouvellement garant de continuité ou celle de colonies de vacances linguistiques pour les plus jeunes. Les possibilités existent mais les tracasseries administratives exigent une professionnalisation des acteurs pour se consacrer au montage des dossiers et à la récolte des fonds. En attendant, « Prouvençau lengo vivo » poursuit se tâche au service de l’éducation avec ses cours de langue, danse et théâtre dans la région de Caromb. Le fils de Jean-Bernard Plantevin, Thibault, gère le site web de l’association qui leur a valu une correspondance avec les Etats-Unis ou encore le Japon, preuve que notre Culture peut intéresser parfois plus encore à l’étranger et que ça vaut la peine de lui offrir des portails ouverts sur le monde. Le manuel gratuit en ligne d’enseignement de la langue reste encore à développer sur le site et ce n’est pas le moindre des axes de travail.

Conclusion

Ce fut un privilège de pouvoir interroger Virginie Bigonnet et de constater nos convergences de points de vue, notamment sur la nécessité d’utiliser les médias modernes de communication afin de témoigner de la vitalité de notre langue. Sa volonté acharnée et efficace à monter des réalisations concrètes en collaboration avec la jeune génération dont elle fait partie, sans se soucier des obstacles dressés par une quelconque zizanie stérile et suicidaire force le respect. Que l’espoir nous vienne de la jeunesse, on aurait mauvaise grâce à s’en plaindre. Merci à Virginie Bigonnet d’en être l’exemple le plus représentatif !

* Détournant le célèbre paradoxe de Platon : « On n’apprend jamais que ce qu’on savait déjà », disons que Virginie portait en elle la lengo nostro…

Notes remonter

Note 1

Museon arlaten : littéralement musée arlésien. Premier musée ethnographique au monde fondé par Frederic Mistral grâce, en partie, au montant de son prix Nobel de littérature.

Note 2

Jean-Bernard Plantevin : professeur et chanteur provençal. http://jb.plantevin.free.fr/

Note 3

COL’OC : Cèntre d’oralitat de la lenga d’Oc. http://www.coloc-asso.com/

Note 4

CREO : Comitat Regionau d’Estudis Occitans.

SYNTHESE remonter

Régulation du projet Professionnel

Le déroulement des enquêtes a été directement relié au projet professionnel initial, à savoir : entrer à l’institut APRENE de formation des professeurs des écoles Calandretas à l’issue de cette année préparatoire qui me permettra d’obtenir le niveau nécessaire. Dans cette optique, le choix de me documenter auprès de cet organisme et d’une école par immersion linguistique s’imposait. Ca m’a permis de préciser mes connaissances concernant ma future profession et le chemin restant à parcourir ainsi que de faire le point sur les nombreux problèmes de l’enseignement de l’occitan en France. Le fait de recueillir les témoignages de deux professeurs de provençal participait de cette démarche. Les enquêtes devaient me permettre aussi de préparer les deux stages d’application pratiques prévus dans le cursus. L’aspect connaissance du multimédia de notre formation a toujours revêtu, à mes yeux, une importance capitale : notre culture minorisée a tout à gagner de ces formidables outils de communication qui doivent permettre de mettre en synergie les sommes de bonnes volontés dispersées en occitanie. « Nous avons vu combien dans l’approche des théories de la complexité, la mise en relation, la mise en lien, est un processus vivant essentiel, générateur de récursivités et de processus intégratifs » (Jeanne Mallet). Mes contacts, auprès de deux sociétés spécialisées dans la formation ont été très fructueux à plus d’un titre : d’abord, la rencontre de deux personnes d’une grande richesse intérieure et compétentes dans le domaine, ensuite, le sujet du stage qui en a résulté, qui consiste à réaliser une ressource pédagogique multimédia pour l’enseignement du provençal. Le deuxième stage interviendra, tout naturellement, à la calandreta de Cuers où j’essaierai de mettre en application les connaissances acquises sous la forme d’un site web incluant du programme éducatif interactif adapté aux jeunes enfants.

Régulation de la formation

Les concepts explorés lors de la formation nourrissent nos critères d'évaluations de situations ou d’organismes d’apprentissages. Le point de vue de la systémie permet, par exemple, de mettre en lumière les interactions au sein des structures étudiées et entre elles et de les mettre en perspective dans l’espace et dans le temps. J'en distingue ici deux : le premier est le système éducatif français et son rapport à l’occitan dans lequel s'inscrivent les enquêtes sur Aprene, la Calandreta de Cuers et les enseignants; le second est le monde de l’entreprise en liaison avec les problématiques liées à l’éducation, et je pense aux deux sociétés collaborant à mon projet de stage. Le projet professionnel dégage deux axes de réflexion et d'étude privilégiés : la didactique des langues, domaine dont l'acuité du questionnement est d’actualité à l’heure de l’élargissement européen et aussi le développement cognitif de l’Homme, pour commencer de discerner les voies d’une pédagogie efficiente. Enfin, la question du projet basé sur la visée cher à J.J. Bonniol me semble centrale : s'attacher à la visée permet de cheminer dans l'existence en lui donnant du sens.
« S’il est insensé de dilapider en quelques décennies tout ou partie des richesses de la diversité biologique résultant de milliards d’années d’évolution, il y a la même folie à permettre que disparaisse tout ou partie des richesses de la diversité culturelle humaine dont l’évolution en quelque sorte analogue a pris des dizaines de milliers d’années » (Murray Gell-Mann)
 « Le monde ne subsiste que par la lutte de forces contraires qui se tiennent en équilibre, et ce qui est vrai pour le monde sidéral l’est également pour les sociétés humaines. Trop de variété produit la division et la faiblesse, mais trop d’unité  appauvrit la vie et empêche le renouvellement » (Michel Bréal).
Il y a un rapport de cohérence entre le fait de défendre le droit à la diversité des langues et des cultures et celui de défendre le droit à la vie pour soi et son prochain.
Lecture du processus de formation en date du 14 décembre 2002

BIBLIOGRAPHIE remonter

Berbaum, J. (1989), Apprentissage et formation, Paris, Puf.
Boutan, P. (1998), De l’enseignement des langues. Michel Bréal linguiste et pédagogue, Paris, Hatier.
Duran, D. (1990), La systémique, Paris, Puf  coll. « Que sais-je ? ».
Gell-Mann, M. (1997, 1994 éd. orig.), Le quark et le jaguar, Paris, Flammarion.
Hannoun, H. (1995), Comprendre l’éducation, Paris, Nathan.
Janton, P. (1994), L’espéranto, Paris, Puf.
Mallet, J. (1998), Les sujets en formation : illusion et nécessité ? Aix, Univ. de Provence coll. En question.
Mallet, J. (2001), L’entreprise apprenante, Aix-en-Provence, Université de Provence coll. En question.
Martinez, P. (1996), La didactique des langues étrangères, Paris, Puf.
Reboul, O. (1990), La philosophie de l’éducation, Paris, Puf.

INDEX DES SITES WEB remonter

http://www.univ-avignon.fr/
http://
www.aprene.org
http://perso.club-internet.fr/mirau/miquela.htm
http://www.a6.fr
http://prouvencaulengovivo.free.fr/
http://jb.plantevin.free.fr/
http://www.coloc-asso.com/

TABLE DES MATIERES remonter

SOMMAIRE
Enquête n°1 : M Rémi Blancon (avec Jean-Christophe Carrey)
Fonction de l'interlocuteur
Coordonnées
L'enseignant chercheur
Corollaire
Annexe
Enquista n°2 :  Sr Domergue Sumien dins l’encastre de sei foncions a l’institut APRENE
Foncions de l'entreparlaire
Coordenadas
L’establiment
Lo prètzfach
L’itinerari
Calandretas
Conclusion
Annexa
Enquête n°2 bis : M Domergue Sumien dans le cadre de ses fonctions à l'institut APRENE
Fonctions de l'interlocuteur
Coordonnées
L’établissement
La tâche
L’itinéraire
Calandretas
Conclusion
Enquête n°3 : Calandreta de Cuers
Coordonnées
Déroulement de l’enquête
Philosophie et fonctionnement
Pérennité de l’école
Résultats
Conclusion
Annexe
Enquête n°4 : Un professeur de provençal dans un lycée de Provence (avec Brigitte de Rosa)
Les liens externes
L’enseignant
Le cours
Conclusions
Notes
Enquête n° 5 : M Gérard Claës, Directeur fondateur de A6-Médiaguide
Coordonnées
A6-Médiaguide
L’homme
La langue internationale
Des produits culturels pour l’Education Nationale
Enquête n° 6 : 
Coordonnées
L’entreprise
Le formateur
Le multimédia et la formation à distance
Le stage
Conclusion
Enquête n° 7 : Mlle Virginie Bigonnet, co-organisatrice du stage annuel de « Prouvençau  lengo vivo »
Coordonnées
L’itinéraire d’une jeune femme professeur de provençal
Le stage du Ventoux
Conclusion
Notes
SYNTHESE
Régulation du projet Professionnel
Régulation de la formation
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES SITES WEB
TABLE DES MATIERES